Association créée en 2015 par un collectif de parents touchés par la trisomie 21 de leurs enfants, T’cap 21 (T comme Trisomie 21, C comme Capacité, A comme Autodétermination, P comme Projet de vie) a fait de la lutte contre l’exclusion de ces derniers son cheval de bataille, avec au centre de leurs préoccupations ce leitmotiv : que va-t-on faire de nos enfants devenus adultes ? «On les a éduqués, aidés, on connait leurs capacités intrinsèques, comme pour chacun d’entre nous, mais qui nécessitent un accompagnement spécifique dû à leur handicap» explique Katia Bergamelli, présidente fondatrice de l’association aux côtés de 5 ou 6 autres parents rencontrés au sein d’une association de plus grande envergure. «Nous avons décidé de nous émanciper, et nous sommes venues sur la côte bleue. L’association est mondialement connue à travers mon employeur, la CMA-CGM, qui a accepté de me mettre en disponibilité depuis 3 ans. Je reprends d’ailleurs mes fonctions au mois d’octobre».
Fruit de ces trois années, l’aboutissement d’un projet sur les rails (c’est le moins que l’on puisse dire) depuis 2019 intitulé « Gare de Niolon, destination inclusion ». L’idée de base est simple : bâtir une entreprise adaptée café et chambres d‘hôtes entièrement gérée par des personnes trisomiques leur permettant de vivre, d’avoir un emploi rémunéré, et surtout d’échanger avec de nombreuses personnes. «Nous avons cherché un local pouvant accueillir notre projet, et la gare de Niolon s’y prêtait tout à fait. Nous avons pour cela frappé à la porte de SNCF Gares et Connexions, organisme gestionnaire du patrimoine SNCF. Après avoir obtenu un local au premier étage, nous avons gagné un appel public nous permettant de développer notre projet au rez-de-chaussée avant de récupérer en septembre 2020 la totalité de la gare nous permettant de repenser le projet dans sa globalité» explique Katia.
Viendra dans un premier temps l’ouverture du « Don café », structure provisoire jusqu’en novembre prochain. «Les cafés Henry Blanc nous offrent le café à volonté, les clients décidant eux-mêmes du prix à payer. Ils nous font également don de toiles de jute que nous recyclons dans notre atelier couture». Baptisée «Train’ Inc Café» ou TIC (Train comme entraîner, dans la langue de Shaekspeare, et Inc pour inclusion), la structure première du genre a pour vocation d’être structure pilote afin de pouvoir essaimer dans d’autres lieux en France. Et depuis son ouverture en juillet, l’espace fait recette auprès des visiteurs comme des voyageurs en attente de leur train, bien installés les pieds dans le sable sous la pergola.
Entièrement rénové, le premier étage accueille les logements pour les jeunes lorsqu’ils viennent travailler, leur permettant également d’acquérir leur autonomie résidentielle. Le second étage accueille quant à lui trois chambres indépendantes avec douches et toilettes pouvant accueillir jusqu’à 10 personnes sous la formule de chambres d’hôtes.
Quant au grenier, actuellement en cours d’aménagement, il accueillera bientôt un gîte d’étape de 10 places à destination des randonneurs, mais aussi des baigneurs, touristes… un peu comme un refuge.
Mais le point fort de la structure réside dans l’aménagement du rez-de-chaussée en salle de restaurant. Une cuisine professionnelle accueillera deux commis sous la houlette de David Ferreres, ancien chef du restaurant La Pergola, et deux serveurs limonadiers en salle pris en charge par Christelle Bergamelli, formatrice salle et service. La structure proposera de la restauration rapide le midi ainsi que le soir sur demande uniquement pour les hôtes. Une scène extérieure permet également d’accueillir des spectacles : récital de piano, ne soirée jazz et soirée DJ s’y sont déroulées cet été.
Et la liste des activités est loin d’être exhaustive : atelier couture tous les mardis en partenariat avec le Conseil Départemental (qui a financé l’acquisition de machines professionnelles), atelier boulangerie trois mardis par mois en partenariat avec la boulangerie formatrice «Un pain c’est tout» de Gréasque, atelier musique grâce au piano offert par l’association «Les Passeurs de Piano», atelier théâtre, atelier bois…
«Tout est mis en œuvre afin d’offrir à ces jeunes la possibilité de devenir autonomes, d’effacer le handicap. A partir du mois de novembre, un «Chef de Gare» aura en charge la gestion des 10 emplois, et nous sommes également à la recherche de services civiques. Nous avons aussi de nombreux autres projets tels qu’ouvrir un espace Gaming, une petite épicerie avec des produits locaux, un mini Office de Tourisme afin de renseigner les touristes, acquérir un vidéoprojecteur et un écran afin pour des séminaires ou des week-ends de Team Building, accueillir des woofers… nous sommes ouverts à toutes les idées» rajoute Katia pour terminer. Nul doute que ce projet pilote fera rapidement des émules.