Yann Galli, pilote de l’extrême !

La ferme Aïoli Caganis
14 novembre 2022

Yann Galli, pilote de l’extrême !

Petit bout de terre de 572 km2 coincé entre l’Angleterre et l’Irlande, l’île de Man est surtout connue par les motards du monde entier. Ils sont en effet plusieurs dizaines de milliers à affluer chaque année la première semaine du mois de juin pour assister au célèbre Tourist Trophy, la course de tous les dangers. Jugez-en par vous-mêmes : un tracé de 60 km avec 273 virages à boucler trois fois (soit 360 kilomètres de course), une moyenne au tour record de 216 km/h, une vitesse maxi enregistrée à plus de 331 km/h et plus de 200 morts (dont 6 cette année) depuis la création de l’épreuve en 1911 !

Un rêve de gosse pour le pilote martégal Yann Galli qui s’est concrétisé en ce début d’été 2022. «J’ai longtemps roulé en Supersport et en Championnat de France d’Endurance, toujours en amateur, jusqu’en 2012 où j’ai arrêté le circuit» nous confie Yann, et de poursuivre «je me suis mis aux courses sur route en 2016 après 4 années sabbatiques. J’ai toujours rêvé de courir le Tourist Trophy». Mais avant d’y accéder, il faut d’abord commencer à faire ses preuves sur le ManX GP, en quelque sorte l’antichambre du Tourist Trophy, qui se déroule sur le même circuit et dans les mêmes conditions. Et pour cela il faut montrer patte blanche pour pouvoir s’inscrire «De février à Mai, la fondation Mike Hailwood, ancien pilote britannique, reçoit les postulants pendant 2 à 3 jours pour nous faire faire le tour de l’île, nous briefer sur les points dangereux, vérifier notre aptitude au pilotage, notre vécu, rechercher un éventuel problème, se réservant le droit de refuser l’accès à la course. Pour ma part, ils sont remontés jusqu’en 2008 pour vérifier mon palmarès ».

Quant à la course proprement dite, des amis qui vivent là-bas avaient briefé notre pilote martégal, artisan plombier chauffagiste au quotidien, qui avait déjà disputé 2 autres courses dans l’année, dont une déjà sur l’île de Man «Mais on a beau se préparer, on n’est jamais assez prêt. La vitesse, les virages, les murs, la moto qui décolle à haute vitesse… Il est impossible de mémoriser tous les virages, qui sont pour la plupart en aveugle. On en retient environ une soixantaine, les plus dangereux, et le reste c’est à l’instinct. C’est encore plus violent que ce que l’on peut voir en vidéo. On prend des chocs importants. J’ai dû coller de la mousse sur le réservoir de la moto car le casque vient taper dessus lorsqu’elle se pose après les sauts. On a peur lorsqu’on est au départ, et on est content d’être à l’arrivée, très éprouvé physiquement. Mais paradoxalement, je ne crains pas de mourir en course, c’est un paramètre qu’on intègre lorsqu’on prend le départ. La vie est une fête, et j’aime la vie ». Une vie qui aurait bien pu s’arrêter en 2018, lorsqu’il fut victime d’un gros crash en République Tchèque, fracture de la colonne vertébrale à la clé.

Bilan de cette première participation, une 32ème place sur 70 concurrents, malgré deux petites erreurs qui auraient pu lui faire gagner une dizaine de places, une vitesse maxi de 280 km/h et une moyenne au tour de 186 km/h. En soi, une jolie performance pour une première. Mais c’est promis, Yann reviendra sur le ManX l’année prochaine pour le 100ème anniversaire de la course, avant de s’aligner sur le Tourist Trophy en 2024 «s’ils acceptent ma candidature. Je travaille pour pouvoir courir, et si j’ai encore un peu de budget cette année, j’irai courir la Skyrris en Irlande. La moto est une passion dévorante. Ma vie est réglée par rapport à ça». Et pour cela il peut compter sur le soutien de son fils de 18 ans qui le suit partout, ainsi que sur son meilleur ami David Dalmas. «Ma vie est entre ses mains. C’est lui qui vérifie ma moto, une Honda 600 CBR, fait tous les contrôles techniques, vérifie les pneumatiques. Moi, je me charge de la grosse mécanique». Rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles aventures.

Calanques

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